Amenez-en des Mitch Garber! (à #tlmep)

Ce matin, j’ai écouté le passage de Mitch Garber à Tout le monde en parle. Le dimanche soir, pour moi, c’est La Voix, superbe production qui met en valeur le talent québécois, devant et derrière la caméra. Vive l’enregistrement et l’écoute en différé!

Impressionnée. Fascinée. Inspirée. Voilà les sentiments qui m’habitaient en écoutant l’entrevue.

Le gars a fait fortune dans l’industrie du divertissement, notamment dans les casinos. Des erreurs de parcours, il en a faits. Des risques, il en a pris. Avec son argent. Aujourd’hui, il est multimillionnaire et est le nouveau dragon de l’émission Dans l’oeil du dragon de Radio-Canada. Pourquoi? Parce qu’il a le sentiment que les jeunes Québécois ont besoin de modèles et d’une meilleure connaissance du monde des affaires, et que l’émission est un outil pédagogique en ce sens.

Mais ce n’est pas ça qui est venu me chercher. Ce qui est inspirant est cette déclaration d’amour qu’il fait au Québec. « J’ai vécu en Grande-Bretagne, j’ai vécu en Israël », nous raconte-t-il, mais c’est ici que je veux élever ma famille, vivre avec ma femme (incidemment une fille du Lac-St-Jean). Choisir de vivre dans un autre pays par simple souci d’épargner de l’impôt est un non-sens, selon ce Montréalais issu d’une famille juive anglophone. Un plaidoyer contre l’évasion fiscale ou la désertion fiscale, quoi.

Alors il s’engage. À investir, à garder son bureau d’affaires à Montréal, à élever ses enfants au Québec, à participer aux Dragons, à briser le mur médiatique et culturel qu’on dit exister entre francophones et anglophones.

Rafraîchissant également que Tout le monde en parle choisisse de nous présenter de tels modèles. Bravo.

Le problème, c’est qu’un tel entrepreneur n’a pas froid aux yeux. S’il a des opinions, il risque de ne voir aucun problème à les exprimer librement. Et à propos de Pierre Karl Péladeau, il en a. De toute évidence, il ne fait pas partie du clan qui encense la performance de PKP, performance qu’il juge médiocre, la pire de l’industrie en Amérique du nord. Que pense-t-il de la possibilité que le Québec soit gouverné par le magnat de presse de Québecor? Il est inquiet. Inquiet pour l’économie du Québec. En a-t-il le droit? Peut-il seulement exprimer cette opinion?

En tout cas, dans la maisonnée Snyder-Péladeau, on ne semble pas heureux de ce comportement délinquant auquel on n’est probablement peu habitué. Compréhensible me direz-vous. Bien sûr. Mais ce qui est fascinant est de se demander pourquoi une telle expression est si offensante?

Voilà quelqu’un qui m’apparaît rassembleur, qui croit au Québec, en son potentiel, qui s’engage dans sa communauté, qui y réside, qui paie ses impôts (tous ses impôts) ici, qui choisit d’y vivre. N’est-il pas rafraîchissant d’entendre pareil personnage? À TLMEP, en plus?

Est-ce parce qu’il doute des capacités de PKP de gérer sa compagnie et par extension, l’économie du Québec? Vraiment? Ne sait-on pas que cet avis n’est peut-être pas si rare que ça? Est-ce parce qu’il est de souche anglophone? juive peut-être? Est-ce parce qu’il est parfaitement indépendant de fortune? Parce qu’il n’est pas « achetable » comme bien d’autres entrepreneurs ou artistes québécois encore trop dépendants des subsides de l’État ou des faveurs de l’un ou de l’autre des conglomérats médiatiques?

Ou est-ce parce qu’il est tout simplement fédéraliste? Donc, pas vraiment Québécois… pour certains, bien sûr. Anglophone, en plus… Misère…

Le candidat Céré se demandait pourquoi le PQ n’attirait pas les jeunes. En voici un indice. Vous y comprendrez ce que vous voulez. Quant à moi, quand on se refuse à juger honnêtement de la contribution et du « commitment » d’un citoyen tout simplement parce qu’il n’est pas souverainiste, on ne mérite pas d’accéder, directement ou indirectement, à la plus haute fonction de l’État.