Mon passage à Maurais Live du mercredi 22 février 2023.
Aucune
Commission Rouleau – Cautionner l’incompétence
Voilà ce qu’a fait le juge Paul Rouleau en rendant une décision qui donne raison au premier Ministre Justin Trudeau d’avoir invoqué la Loi sur les mesures d’urgence le 14 février 2022 : cautionner l’incompétence.
En effet. Le juge Rouleau conclut que les « critères très stricts » pour recourir à la Loi ont été remplis. Mais attendez. « Les faits qui sous-tendent ce recours ne sont pas manifestes ». Et « des personnes raisonnables et informées pourraient tirer une conclusion différente de la mienne », dit-il. Et « la situation qui a mené à son invocation aurait probablement pu être évitée. » On passe vite sur le fait que le gouvernement n’ait pas fourni à la Commission l’avis juridique qui a prétendument amené le SCRS, le cabinet et le PM à invoquer la Loi sur les mesures d’urgence. Le juge Rouleau d’allégeance libérale s’est contenté des témoignages.
En présentant son rapport, le juge est pourtant clair sur l’objectif de la Loi. « Ce n’est que dans des cas réellement rares, lorsque l’État a des motifs raisonnables de croire qu’il ne peut pas remplir son obligation fondamentale d’assurer la sécurité de la population et des biens, qu’il est pertinent d’avoir recours à des mesures d’urgence. » Crise nationale alors que d’honnêtes figures médiatiques et députés (incluant le premier ministre Justin Trudeau lui-même), circulaient librement et en toute sécurité sur la colline du Parlement? Vraiment? Plus rien à faire juridiquement, administrativement pour apaiser la rue?
LA LOGIQUE DES INCOMPÉTENTS
Voici la logique. La police d’Ottawa a dévoilé son incompétence crasse, la GRC a refusé d’y assigner des ressources supplémentaires, le gouvernement ontarien s’est croisé les bras et la ministre des Finances Chrystia Freeland gelait les avoirs des manifestants sans pour autant prévoir de mécanisme pour débloquer les comptes. Quant au bully Trudeau, il a attendu, sinon, créé l’impasse que l’on connaît.
L’ensemble des institutions désignées pour assurer la sécurité des personnes et des biens ayant échoué à la tâche, il devient donc « raisonnable », pour des motifs « raisonnables » de « raisonnablement » cautionner le recours à une Loi qui piétine les droits fondamentaux d’individus de manifester leur mécontentement face à des gouvernements qui non seulement les a méprisés jour 1, mais qui, dans le cas de Trudeau, en a fait une plateforme qui baigne dans les pires égouts d’eaux usées de la partisanerie politique.
Après tout, ne s’agit-il que de bruyants et vulgaires camionneurs et citoyens dépouillés de leur gagne-pain et totalement impuissants face à l’intransigeance sanitaire? De « déplorables » qui résistent à se soumettre à la consigne vaccinale? D’une minorité mise au banc par une junte politique et par des influenceurs aux propos malfaisants dégoulinant de bave jouissive? Juger de cette foule de manifestants de telle façon dénote bien la méconnaissance et peut-être la malhonnêteté intellectuelle des chroniqueurs qui la qualifiaient ainsi. Désinformation, vous dites? Bien sûr, mais de multiples sources, reconnaît le Juge. « Les messages des politiciens, des responsables publics, et, dans une certaine mesure, des médias auraient dû être plus équilibrés et établir une distinction plus nette entre ceux qui manifestaient pacifiquement et les autres manifestants. »
Mettons.
L’ABSOLUTION
Bref, le gouvernement fédéral échoue à assurer le leadership nécessaire et ne reçoit qu’une petite recommandation de changer de ton. Comment s’en étonner, dans un pays où on a pratiquement ridiculisé et mis à l’index les concepts de liberté (libârté!) et de responsabilité des instances gouvernementales. Et puis, pourquoi s’en tenir à la définition stricte de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS)? Bof, nous dit le juge Rouleau. Le gouvernement peut interpréter la définition différemment, selon le contexte.
Après tout, le gouvernement a agi « de bonne foi », nous dit le Commissaire. Le gouvernement fédéral reçoit pratiquement l’absolution. Mieux encore, pourquoi ne pas remplacer la définition de « menace à la sécurité nationale » par une nouvelle définition qui tienne compte d’un « risque grave pour l’ordre public »? Définition de « risque grave pour l’ordre public »? Allez savoir, mais connaissant la difficulté de reconnaître la liberté d’expression d’adversaires politiques antipathiques, n’aurait-on pas raison de craindre davantage pour les libertés fondamentales de certains groupes de citoyens?
Tous ces gens peuvent donc ajouter à l’incurie sans qu’il n’y ait de véritable coût à payer. Le citoyen, lui, qui finance le tout en se faisant confisquer les fruits de son travail et peut-être un jour ses actifs, demeure impuissant.
UNE SOCIÉTÉ LIBÉRALE, VOUS DITES?
Les lois d’exception protègent donc les politiciens de leur incompétence et de leur gouvernance bâclée. Lois sur les mesures d’urgence fédérale et provinciale, gouvernance par décrets, invocation de clauses dérogatoires brimant des libertés fondamentales : autant de recours pour masquer la nullité de nos administrations publiques et de nos gouvernements.
Décidément, le jugement Rouleau s’ajoute à la preuve qui démontre que l’État-Léviathan est dispensé de toute forme d’imputabilité. Vous cherchez les sources de la colère? Relisez donc.
Quand le réflexe de condamner davantage des mouvements pacifiques de liberté d’expression prime sur le besoin de sanctionner la malfaisance et l’incompétence des administrations publiques, c’est que nous ne privilégions ni liberté individuelle ni responsabilité institutionnelle.
Ajoutez enfin à ce portefeuille de recours, celui d’une taxation sans bornes des fruits du travail (bientôt, de nos actifs?) et vous avez là, un coffre à outils quasi-complet de mécanismes qui camouflent la pathologie dépensière des administrations publiques sans pour autant qu’il y ait de résultats mesurables.
Et puis, non. Ce n’est pas tout. À la limite, le législateur voudra faire taire des voix et bloquer des voies alternatives à l’inefficience étatique. On a vu ça ces dernières années. Rendons la vie difficile aux écoles privées, aux cliniques privées, aux agences privées… car elles font la preuve qu’il y a bel et bien des solutions qui rendent heureux à la fois le receveur de service et l’artisan qui y besogne.
Contraindre le professionnel de la santé, par exemple, à se plier encore une fois au comportement désiré par l’arbitre législatif et son allié syndical, cachera son incompétence à créer, dans ses propres murs, des conditions de succès dignes du respect de ses professionnels et du fardeau fiscal des contribuables.
Ne l’oublions pas. Punir la dissension, mater, faire taire directement ou indirectement (par la voie des corporations ou des médias) les dissidents ou les avis contraires à la pensée du Léviathan, sont aussi du nombre des outils privilégiés par nos législateurs.
Et bon sang, à la limite, si vous ne vous pliez pas aux règlements et à la machine, vous sera congédié et on se passera de vous.
Nous en sommes là. L’ultime liberté, ce sera de quitter la profession.
Le Plaidoyer pour l’extrême-centre d’Hélène Buzzetti
C’est chose connue. Un des plaisirs des partisans du centre-droit ou des mouvements conservateurs est l’observation du traitement biaisé des médias. Ils s’obstineront entre eux sur le degré de nationalisme identitaire et économique qu’il est nécessaire d’intégrer dans leur offre politique, ou sur les technicalités et la meilleure façon d’assainir les finances publiques par des programmes plus ciblés et une fiscalité qui incite à une plus grande prospérité économique (et par le fait même une plus grande mobilité sociale), mais ils s’obstineront rarement sur le penchant nettement gauchisant des médias.
De temps en temps, ils seront heureux et étonnés d’entendre sur les ondes ou dans les médias traditionnels, un journaliste ou un chroniqueur qui exprime aventureusement (effrontément?) une opinion qui est la leur. Mais plus souvent qu’autrement, on les entendra le lendemain sur leurs plateformes radiophoniques ou alternatives, offrir le contrepoids ou le contre-argumentaire à une couverture chouchoutant quelques lobbies insignifiants mais ô combien influents, et à un unanimisme confortant.
Et puis, rares sont les articles, reportages ou chroniques qui mériteront leurs éloges. S’ils sont assidus dans leur consommation d’informations, ils apprécieront ceux qui leur apporteront des éléments de contexte et des comparatifs chiffrés (ils sont mordus de chiffres), reconnaîtront que Thomas Gerbet est l’étoile de l’année 2022, et qu’il y a d’excellents dossiers d’enquête dans certains quotidiens..
Mais mises à part quelques exceptions qui le méritent bien, ils notent désespérément que la radio la plus écoutée à Montréal a nettement pris un virage encore plus gauchisant et que les journaux sont noyés d’opinions et d’humeurs massacrantes et polarisantes. Ajoutons à ça que les années pandémiques auront non seulement révélé à ceux qui ne s’en doutaient pas, l’échec catastrophique de l’État à assurer le moindre service public, mais aussi une addiction maladive des politiciens et des médias à encourager avec excès la peur et l’anxiété sous toutes les formes, qu’elles soient de nature sanitaire, climatique, environnementale ou autre.
Oh! On ne pourra espérer qu’un examen de conscience de la part des médias porte sur le médiocre et quasi-hystérique traitement qu’ils ont fait du convoi des camionneurs ou de la pandémie. Au contraire! Au congrès de la Fédération des journalistes du Québec, les plus jeunes mettent en garde contre une prétendue ligne dure d’objectivité. « Est-ce encore du militantisme de ne pas vouloir que la Terre brûle sous nos pieds, de vouloir un avenir ? Qu’allez-vous faire avec nous ? Parce qu’on s’en vient dans les médias et on est quand même bien militants. » Merci bien. On en sera avertis. Ils s’en viennent…
Alors dans ce contexte, on va se le dire, l’essai intitulé Plaidoyer pour l’extrême-centre de la journaliste/analyste politique Hélène Buzzetti est tout à fait surprenant. Lire une telle réflexion provenant d’une représentante de cette élite médiatique est non seulement rafraîchissant et instructif mais, pour reprendre une de ses expressions, « apaisant ». Non. Nous ne sommes pas seuls à voir une sous-représentation d’idées libérales ou conservatrices.
Car en plus, Buzzetti n’y va pas avec le dos de la cuillère. La polarisation politique qui fait se dresser l’une contre l’autre la droite et la gauche n’est pas le fruit du hasard, dit-elle. Clairement, elle se permet même de nommer des noms de collègues du milieu. Courageuse, la fille! Car le modèle économique des médias (l’addiction aux « clics »), l’usage d’étiquettes et de « gros mots » (ploucs, complotistes, etc., ), la confection de trames narratives polarisantes et méprisantes, n’aident en rien l’enrichissement du débat public et la recherche de compromis acceptables, constate-t-elle.
Voici quelques-uns de ses propos. Le bulletin n’est pas joli.
- « Les médias ont beaucoup contribué à la détérioration du débat public et à l’installation de ce climat délétère. »
- « Les mainstream media sont devenus à bien des égards des extreme media qui, tels des cirques d’une autre époque, entendent divertir avec un freak show de la pensée. »
- Par rapport à l’épisode des camionneurs et de la politisation de la politique sanitaire, « les médias sont tombés dans le panneau parce que cela faisait leur affaire de discréditer ces incommodants.» On parle ici évidemment des manifestants.
- « Les médias ont délaissé leur rôle de chien de garde pendant la pandémie. »
Buzzetti reconnaît également le « deux poids, deux mesures », le niveau de tolérance variable des manifestations, tant au niveau des causes qui sont défendues que de leur durée. Elle tente d’expliquer (justifier?) la perception que nous avons que les médias sont de gauche. Les grands paramètres qui encadrent la profession y sont pour quelque chose : l’émotion, la paresse (ou le manque de temps), le profil socio-économique des journalistes et… la peur.
La peur, oui. Des journalistes! Et c’est ici que le portrait est des plus sombres.
- « Les journalistes ne veulent tout simplement pas prendre le risque de se mettre à dos les divers lobbys en remettant en question leur point de vue ou leur grille d’analyse. »
Médias, apeurés de la culture de l’annulation?
- « Mais le fait est qu’avec les moyens de communication d’aujourd’hui, leur pouvoir de nuisance envers quiconque est en désaccord avec eux donne le vertige. Beaucoup ont déjà parlé de la culture de l’annulation et point besoin d’y revenir ici. Suffit de reconnaître qu’elle existe pour comprendre que certains reporters ne veulent pas prendre le risque de s’y frotter. Nombreux sont les exemples où les médias ont relayé sans filtre critique un discours victimaire et, ce faisant, ont abdiqué leur responsabilité. »
Peur des réseaux sociaux?
- « Peur des armées sur les réseaux sociaux, de celles qui, pour un mot rompant avec l’orthodoxie du jour, sont prêtes à dégainer et vous accoler l’épithète de « phobe » qui détruira votre carrière et vous rangera définitivement dans le mauvais camp. Alors on se tait. »
Alors ils se taisent… Ou choisissent leurs sujets. Ou écartent ce qui pourrait les « tagger » d’une étiquette socialement inacceptable. Probablement ce que le chroniqueur Rex Murphy du National Post appellerait la « censure négative ».
Et la prescription est dure à avaler. Selon Buzzetti :
- « Il est temps de recommencer à faire de l’espace à tous les points de vue dans le forum public et ainsi apaiser le débat. »
- « Il faut enfin que nous, les journalistes, entamions une introspection professionnelle pour prendre conscience de certains de nos biais et ainsi redevenir les observateurs dépassionnés et agnostiques de la société et de son forum public que nous avons la responsabilité d’être. »
- « Il faut prendre le temps de dénicher l’intervenant qui oserait amorcer un début de contre-discours. »
- « Il faut réapprendre à juger les idées à leur valeur et non à la valeur de ceux qui les portent. »
Est-ce possible? Cette volonté existe-t-elle? Je vous laisse en juger… ou l’espérer, mais chose certaine, il faut reconnaître le courage qu’elle a eu d’affronter sa propre peur (c’est elle qui le dit) à tenter de jeter les bases d’une réflexion qui peut bousculer son milieu mais qui tout à la fois, a eu le mérite d’apaiser celle qui écrit ces lignes.
Je vous encourage donc à écouter Hélène Buzzetti qui acceptait en début de semaine, une invitation de Ian & Frank d’échanger sur le sujet. Ce pourrait être un beau cadeau de Noël. Pour ceux qui seraient intéressés à lire l’essai, on vous en donne la recette lors du podcast.
PCQ : la suite
PCQ – Les priorités
Voici mon passage à l’émission de Maurais Live de ce matin.
Suite aux commentaires que je reçois de la part de militants et sympathisants du PCQ, je partage avec vous ce qui m’apparaît être de bons conseils pour la suite.
BUT: PARTIR L’ANNÉE 2023 AVEC UNE BONNE ORGANISATION
1. ÇA COMMENCE PAR LE “QUOI” – Positionnement idéologique du parti (qui inclut une définition étoffée du nationalisme de Éric) Immigration, langue, Loi 96. Ça doit être clarifié de façon à unir les Québécois: à la fois les francophones préoccupés par l’état du français ET les anglophones et allophones qui tiennent à préserver leurs droits historiques. Devise: RASSEMBLER plutôt que diviser.
2. Définition des marchés politiques à viser en lien avec ce positionnement. Qui veut-on charmer? Les jeunes? Les familles? Les PME? Les travailleurs autonomes? Quelles thématiques veut-on fouiller? Quelles seront les priorités et les principaux enjeux de la prochaine année? POURQUOI FAIRE CET EXERCICE? J’en arrive au 3e point.
3. Organiser le parti. Beaucoup de militants ont voté PCQ parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec la gestion par décret du gouvernement ou parce qu’ils jugeaient trop sévères les mesures sanitaires (ex: confinement, fermeture des commerces, etc.)
Il faut maintenant que le chef introduise ces gens-là à ce que c’est qu’un parti politique. Organigramme du parti (Bureau exécutif national, Commissions, Représentants des régions et Comité exécutif) avec mandats urgents à mettre de l’avant pour le prochain congrès). Les responsables pourraient être identifiés lors des rencontres du chef des candidats avec des équipes de campagne. De fabuleux talents se manifesteront lors de la tournée du chef.
4. Rafraîchir la structure du parti – Mettre le bon monde à la bonne place pour élever d’un cran le sérieux de l’organisation.
RÉSULTAT:
Établissement des besoins de personnel à embaucher (Dir. exécutif, Attaché de presse, recherchiste, technicien aux outils informatiques ou autres selon le besoin)
CONDITIONS DE SUCCÈS:
Pour la prochaine année: nommer un nouveau directeur exécutif et solidifier le Bureau exécutif national S’assurer que les bonnes personnes soient aux bons endroits: Président du parti, VP régionaux, présidents de Commissions, etc.)