Construction, collusion, corruption : Chapeau aux femmes!

Dur dur d’être fier d’être Québécois ces temps-ci. Nous vivons une période de bouleversements, les piliers du modèle québécois sont de plus en plus contestés, des luttes de pouvoir s’intensifient et le gouvernement s’applique admirablement bien à brûler tout ce qu’il touche: réingénierie, endettement public, PPP,  réformes en santé, financement des partis politiques, etc.

Même les importants investissements longuement attendus pour renouveler les infrastructures nous laisseront un goût amer de collusion et de corruption.

Au travers de tout ce désordre, des femmes qui sortent de l’ombre et qui rompent le silence. À défaut d’être fière d’être Québécoise, cette semaine, j’ai éprouvé une petite once de fierté envers ces femmes qui ont osé. Loin de moi l’idée de m’approprier une once du mérite qu’elles ont eu de briser l’omerta, mais on va prendre ce qu’on peut.

À commencer par Sylvie Roy de l’ADQ qui s’est comportée comme une véritable représentante du peuple lors de la commission parlementaire où témoignait le désormais célèbre Jacques Duchesneau. Non rassasiée devant une situation aussi choquante, Sylvie Roy récidive cette semaine en interrogeant la compétence des dirigeants de la Régie du bâtiment et leur capacité à faire « le poids devant les avocats de Tony Accurso lorsqu’il y a des millions en cause. » Nominations partisanes et compétence ne vont pas nécessairement de pair, semble-t-il. Comment expliquer autrement une suspension insignifiante (suspension de licence de 7 jours) à la firme Terramex pour avoir commis une fraude d’environ 280 000$?

Lundi dernier, c’est au tour de Monique Jérôme-Forget de confier au Devoir (La Presse lui a-t-elle refusé sa confidence?) que le gouvernement Charest avait cédé au « gros lobby » du génie-conseil en le convainquant d’abandonner la formule des PPP. « Avec les PPP, tu peux pas frauder », selon elle. « Pourquoi pensez-vous que toutes les firmes étaient contre moi? »

À une entrevue conjointe à l’émission 24 heures en 60 minutes, Chantal Rouleau et Micheline Pelletier (mairesse d’un arrondissement de l’est de Montréal et mairesse de Sainte-Anne-des-Monts) reconnaissent que le crime organisé a infiltré l’octroi de contrats publics de construction et dénoncent le monopole de l’asphalte en Gaspésie.

Puis une ex-députée libérale, Nancy Charest déclare que la commission d’enquête est requise. A contre-courant de ses anciens collègues du caucus libéral qui semble-t-il, auraient perdu soit leur langue soit leur sens moral, Madame considère qu’un volet public est important pour y voir plus clair dans l’industrie de la construction.

Enfin, il y a le duo Lise Thériault/Diane Lemieux qui m’a vraiment épatée cette semaine. Osant s’attaquer au placement syndical dans la construction, ces femmes ont fait honneur aux institutions qu’elles représentaient. Si Jean Charest s’abstient de tout gâcher, il y a peut-être un petit espoir qu’elles réussissent à abolir une pratique dont on recommandait l’abolition lors de la Commission Cliche… de 1975!!!

Pendant ce temps,

  • André Pratte répond à Joseph Facal qui, éternellement déçu du peuple québécois, ne comprend toujours pas pourquoi ce peuple a dit « non à un projet aussi normal que d’être pleinement responsable de lui-même. » (Comme si nous le serions plus en dehors de la fédération canadienne… Indice: la Grèce);
  • Robert Lafrenière de l’UPAC est choqué des propos de Jacques Duchesneau (de l’UAC).  « L’UPAC, c’est pas fort », aurait-il dit. Ooonnn!
  • Et Pierre Curzi est « blessé » des propos qu’a tenus Pauline Marois devant des militants à Drummondville. Pôv ‘ti.

Bref, en cette fin de semaine de l’Action de grâce, je rends hommage à ces femmes du Québec qui parlent, qui dénoncent et qui se tiennent debout, parce qu’entre nous, les hommes, ce serait ben l’fun si vous cessiez de pleurnicher comme des mauviettes. Vos problèmes personnels et de gestion de ressources humaines, c’est comme « Ça ne nous intéresse pas vraiment ».

Ah oui! Mes sincères félicitations à Nicole Duval Hesler qui est la première femme à être nommée juge en chef du Québec! Au grand dam de l’éditorialiste Josée Boileau qui, lors d’une émission 24 heures en 60 minutes affirmait que « Pour Harper, la famille, c’est maman à la maison et elle a un mari qui la fait vivre… », c’est bel et bien le premier ministre conservateur Stephen Harper qui l’a nommée à ce prestigieux poste.

23 réflexions sur “Construction, collusion, corruption : Chapeau aux femmes!

  1. Chapeau, Joanne…
    C’est quasiment gênant pour nous, les hommes, de constater que ça a pris une autre femme (toi) pour souligner l’apport féminin au débat des dernières semaines, et surtout, l’importance des paroles, des gestes et des actions de ces femmes grandes et fortes.
    Le tout sans partisannerie aucune.

    Une maudite claque à notre ego masculin (habituellement) démesuré. Notre (manque) de modestie vient d’en manger une toute une.

    Merci d’apporter cet éclairage différent, nouveau, et pourtant évident à nos yeux de mâles.

    Ça fait du bien.
    Bravo, madame…
    Bravo, mesdames…

    C’est avec humilité que nous observerons la suite des choses.Si vous avez besoin, ben… on a toujours des bras…
    He-he-he
    ;-D

  2. Moi qui allait réagir très vigoureusement contre M. Paquet sur son commentaire sur Facebook, parce que bêtement, j’avais perçu son commentaire comme du sarcasme… Ce que, je le lis bien, n’était absolument pas le cas. Je vous offre mes excuses pour quelque chose que je n’ai pas écrit, mais que j’ai pensé (HONTE À MOI!) Vous rejoignez bien mes pensées sur ce billet…

    (ce qui signifie, qu’en tout temps, il faut toujours aller jusqu’au bout des sources avant d’être catégorique dans nos commentaires!)

    @ Johanne: très bon billet… mais j’ajouterais:
    « et si les « gars » (et les femmes) en position de faire changer les choses, osaient affronter l’orage de la force médiatique, des syndicats et de leur démagogique approche pseudo-sociale; s’ils osaient s’affirmer par leurs convictions et leurs valeurs, tout en ayant conscience et en étant prêt à perdre leurs avantages actuels pou rleurs idées … et s’ils croyaient sincèrement et fermement en leurs principes.. et bien nous serions dans la bonne voie de faire du Québec une province riche, très riche… et éventuellement, si la majorité le désire, un pays qui sera en santé »

    (personnellement, et avant que les séparatistes à l’affut de ton blogue s’excitent, je n’ai rien contre l’idée d’indépendance, mais je serai toujours résolument « contre » lorsqu’il s’agira du projet de souveraineté proné par nos élites socialistes et anti-américaine).

    Heureux de découvrir ton blogue personnel!

    Benoît

  3. Excellent, mot pour mot. J’ai pensé la même chose ces dernieres semaines…et en plus cette semaine l’Alberta s’est doté d’une femme comme Premiere Ministre, Alison Redford. We’ve come a helluva long way baby!

    • Bien vrai Renee! Où sont nos journalistes pour nous rappeler l’existence des rednecks rétrogrades de l’Alberta maintenant qu’ils ont nommé une femme première ministre avant nous? 😉

    • Serge….les journalistes ne rapportent pas les bonnes nouvelles de ROC juste les diminutions. Ils aiment çela cracher dans le visage des Albertains, specialement que c’est eux qui nous envoient des milliards pour que nous puissions offrir les mêmes services que les autres provinces C’est troublant n’est-ce pas?

  4. Je suis bien d’accord avec vous Joanne. Sylvie Roy est la meilleure députée de l’ADQ cet automne. François Bonnardel fait aussi du bon travail. Elle a offert une excellente performance lors de la comparution de M. Duchesneau en commission parlementaire. Elle est presque devenue la chef de l’ADQ. En passant, on ne voit pas beaucoup le chef de l’ADQ ces temps-ci. Où est Gérard Deltell?

    Monique Jérôme-Forget était le meilleure ministre du gouvernement Charest mais elle a quitté car Jean Charest veut seulement des yesmen avec lui.

  5. Je crois que Diane Lemieux a découvert bien des « choses » à la CCQ et elle a assez de caractère et de tenacité pour faire bouger le gouvernement.
    Un souhait : Diane Lemieux comme la première Première ministre du Québec …

  6. Pendant ce temps, la gente masculine croasse à l’unisson que la faute du règlement consistant à octroyer le contrat au plus bas soumissionnaire. Pas capable d’exiger de respecter le contrat, que les dépassements de coûts soient supporter par la compagnie.

  7. Pendant ce temps, la gente masculine (dont Labeaume) croasse à l’unisson que la faute du règlement consistant à octroyer le contrat au plus bas soumissionnaire. Pas capable d’exiger de respecter le contrat, que les dépassements de coûts soient supporter par la compagnie.

  8. Bon…on en fait maintenant une guéguerre homme-femme.

    C’est la FFQ qui dirige ce site maintenant?

    Lorsque devant une alternative où une récompense substantielle peut potentiellement bénéficier à quelqu’un, une femme réagit exactement comme un homme.

    Des indices récents? Pauline Marois. Agnès Maltais.

  9. Bravo pour l’article, bien construit, etoffé, traduisant la réalité, bonne interprétation des gens cités. Vous avez de quoi à avoir plus qu’une once de fierté d’être une femme québécoise puisqu’une petite flamme peut allumer un brasier de fierté moyennant que la gente féminine veuille bien participer au débat, non pas à titre de spectatrice, on en a trop, mais bien d’oser exister, s’affirmer et se faire entendre aux bons endroits, sur les bonnes tribunes, devant les bonnes personnes. Paumées s’abstenir… Continuez votre travail incitatif et parfois provocateur, il s’en faut, parce que ce ne sont sûrement pas les hommes, les vrais, comme ils se prétendent… qui vont ouvrir grands leurs bras aux femmes envers lesquelles, depuis des siècles, ils ne sentent et ressentent que méfiance et mépris.
    J’auirais aimé que Mme Jérôme-Forget aie pu dire ce qu’elle a dit, malheureusement, une fois son mandat terminé, je l’admire d’avoir un discours fort différent de celui qu’elle avait lorsqu’elle était photographiée à côté du beau Jean Charest et de M. Philippe Couillard… C’est donc vrai que tout ce qui brille n’est pas or… Au plaisir de vous relire et de savourer la justesse de vos propos! R. Lavoie

    • J’aimerais bien, moi aussi, qu’hommes et femmes, lorsqu’au pouvoir, se permettent de dire le fond de leur pensée. Couillard et Jérôme-Forget sont de bons exemples de gens qu’on aurait beaucoup apprécié s’ils s’étaient permis de s’exprimer.

    • Je trouvais que Thomas Mulcair s’exprimait bien, mais Charest s’en ait débarassé . Mulcair a vraiment aidé à Jack Layton, qui au Québec ont reussi à écraser Gilles Duceppe et ses apôtres qui bloquaient notre gouvernement d’agir et de faire avancer le Canada. Je remarque que les meilleurs partent. Si Jerome Forget se présentait comme chef du parti Libéral, je voterais pour elle et Couillard aussi.

    • Non. Je ne crois pas qu’il faille généraliser. Mon article porte sur ce que j’ai observé cette semaine. Cela dit, la société tout entière est trop « politiquement correct » comme vous dites. À suivre…

  10. Je suis fier du succès de toutes ces femmes, dont vous avez souligné le mérite.
    ….Je n’ai pas honte d’être un homme; parce que tous ces hommes sans-colonne que nous avons élus et qui nous font honte l’ont été aussi par le vote des femmes. Ne pas l’avoir mentionné m’aurait donné l’impression d’avoir flagorner un peu.
    ….L’ensemble de votre article montre que nous avançons vers l’égalité en fait des hommes et des femmes. Bravo à toutes ces courageuses (encore) pionnières.

    • A man who is able to be happy and proud of women when they get a bit of light and power, is what I call a REAL MAN! The nice things about these men is that women are usually crazy about them….why? Because… they are SO FULL OF CONFIDENCE AND WOMEN ARE NOT A THREAT TO THEM!

  11. Pingback: FEMMES HONNÊTES, HOMMES CORROMPUS? « Éric Duhaime

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