Québec dans le trou: Des « junkies » du Gouvernemaman

Si l’étude de Luc Godbout/Pierre Fortin nous a dessiné un avenir troublant la semaine dernière, l’économiste Robert Gagné des HEC nous explique pourquoi dans le 5e bilan de la productivité et la prospérité du Québec.

Pour Robert Gagné, le mur n’est pas devant nous. Nous y sommes déjà. En ce moment même. Dans le rapport de 89 pages du Centre, beaucoup beaucoup de concepts et de chiffres, bien sûr. Certains plus digestibles que d’autres et qui ont été repris par le Journal de ce matin.

ÉtudeProdGagné

Et puis, des petites phrases qui retiennent mon attention.

La hausse des dépenses provinciales provient essentiellement d’un élargissement de l’offre de certains services publics dispensés par l’État québécois (p. 32).

« Alors que certaines provinces comme l’Ontario et l’Alberta ont accru leurs dépenses publiques à cause d’une augmentation importante de leur population, 80,5 % de la hausse enregistrée au Québec s’explique par une croissance de l’offre de services publics. » – Pierre Duhamel. Peut-on être plus clair?

Le tableau 4 de la page 33 est aussi particulièrement intéressant. 

RapportGagnéTableau4

Remarquez qu’au Québec, on a choisi de faire augmenter les dépenses dans les « services sociaux » (garderies, hébergement des personnes âgées, congés parentaux, etc.) plutôt que les dépenses en santé ou en éducation, comme le font l’Ontario et le reste du Canada. Intéressant, non? Vous vous demandez pourquoi les gouvernements se gavent d’un nouvel impôt-santé? Celui qui a été instauré par le PLQ, le même que le PQ voulait abolir en période électorale mais qui a dû la maintenir en plus d’ajouter un nouveau palier d’imposition pour les supposés « riches » du Québec. Vous avez là une réponse.

Entre 1989 et 2009, les dépenses par habitant en services sociaux au Québec ont augmenté de plus de 60% (Ontario: +17%; Canada: +29%)

Sur le portrait de la fiscalité québécoise, le rapport fournit quelques indices pour redresser la situation. De fait, selon les auteurs, « l’État québécois utilise davantage les outils fiscaux considérés parmi les plus nocifs pour la croissance économique » (p. 50). On parle de quoi quand on parle d’un outil fiscal nocif? D’une forme de perception (de confiscation…) fiscale qui décourage le travail, l’épargne, l’investissement, la création d’emploi, etc. Et vous savez quoi? Tout ça a été démontré.

RapportGagnéGraphique24

Ce que ce tableau illustre, c’est que les taxes ou impôts les plus destructeurs pour l’économie sont les impôts sur les bénéfices des sociétés et l’impôt sur le revenu des particuliers. Les moins nocives: la tarification et les taxes à la consommation. En clair, notre régime fiscal est contre-productif en plus d’avoir des taxes à  la consommation qui ont atteint un plafond à la limite du supportable.

Conclusion? Comme la structure fiscale (la façon dont le gouvernement perçoit les impôts et les taxes) est similaire à celle de ses voisins, il y a des limites à restructurer le tout. Toutefois, comme le Québec doit réduire la pression de la fiscalité sur son économie, la seule avenue possible devient de :

… réduire le poids de la fiscalité du Québec à un niveau davantage comparable à celui qu’affiche le reste de l’Amérique du nord en diminuant les prélèvement fiscaux de l’État. (p. 50)

Les déficits chroniques actuels et à venir décrits dans l’étude de Luc Godbout/Pierre Fortin trouvent donc leur source dans le fait que le Québec dépense à l’européenne (beaucoup d’étatisme, de programmes sociaux et de subventions aux entreprises) alors que sa structure fiscale se doit d’être concurrentielle avec ses voisins nord-américains. Drogués, « junkies » du Gouvernemaman, nous en sommes réduits au déni et à souffrir de dissonance cognitive.

En somme, si on veut un virage prospérité, deux éléments de correction s’imposent: vivre à la hauteur de nos moyens et faire ce qu’il faut pour agir sur les déterminants d’une nouvelle prospérité (dont celui de la structure fiscale, les investissements privés, l’éducation, etc.).

Parce que ce fameux mur qu’on annonçait depuis plus d’une décennie, il n’est plus devant nous. Nous y sommes bel et bien. Là. Maintenant.

7 réflexions sur “Québec dans le trou: Des « junkies » du Gouvernemaman

  1. Et dire que dans le Journal de Montréal ce matin, notre président du Conseil du Trésor nous dit qu’on n’est pas dans le rouge. C’est ça qui nous gouverne présentement. Alors on est pas sortie du bois.

  2. @ Anne,
    Un président du conseil du trésor, idiot. Un ministre des finances Marceau, idiot. Wow! On est pas sorti du bois. C’est le pire gouvernement péquiste de l’histoire du Parti Québécois. Ce parti est mort vivant désormais. Je suis nationaliste et je fais ce constat. Le PQ est maintenant dirigé par un groupe d’incompétents idiots.
    On reçoit 9 milliard de péréquation du fédéral maintenant alors il faut se réveiller.
    Une réforme fiscale allant vers une tarification des services selon le revenu, une baisse massive des taux marginaux et une hausse des taxes à la consommation serait un bon début pour responsabiliser la population et faire comprendre que rien n’est gratuit. La fermeture de plusieurs ministères inutiles et organismes pourrait permettre aussi de limiter les dépenses de l’État du Québec. La fin des programmes universels de garderies et réforme de la CSST, RRQ, congé parentaux­ serait un autre bout à faire. Réviser la gestion du système de santé et éliminer les examens et interventions inutiles. Axer la plupart des programmes vers l’aide aux vrais démunis au lieu du mur à mur pour tous.

  3. la réforme économique est urgente, sauf que la question est par ou commencer, est ce comme a fait Jean Charet par augmenter les frais de scolarité tout en gardant les différents
    services sociaux. il faut donc , si on veut vraiment changer le système , commencer par donner l’exemple, en coupant par exemple dans la fonction publique, comme les gestionnaires ou personnel non professionnels en santé et éducation,privatiser les CPE ( le fait qu’une éducatrice d’enfant soit représentante de l’état est une grande aberration).
    comme ça ,les citoyens qui reçoivent des services recevront mieux le message en cas de réduction, voir coupure de service.
    De même, commencer par couper ou couper seulement sur l’aide sociale n’est pas une bonne option, d’abord parce qu’il y en a des démunis qui en ont réellement besoins ( handicapés…), de plus, parmi ceux ou celles qui sont aptes à travailler, il y en a qui travaillent au noir, oui, ce n’est pas légal, mais ça permet à des business ou compagnie de survivre, vu les taux de taxation élevés et aussi des autres fardeaux comme : syndicats, congés parentaux…., de plus une personne qui travaille au noir fini par dépenser son argent et payer les taxes de consommation.et c’est qu’une fois que le problème de fiscalité sera réglé, que l’emploi au noir ne sera plus attractif.

  4. Le président du Conseil du Trésor a fini de m’achever ce matin avec sa déclaration loufoque et complètement déconnectée de la réalité. Je n’ai plus aucun espoir pour la société québécoise. C’est franchement gênant.

  5. On fait juste ça se dire que ça n’a plus de sens. Qu’est ce qu’on peut faire d’autre? Le Quebec est en phase terminale. Rien a faire a part attendre la fin.

  6. Pingback: CPE: Quand c’est plus facile d’augmenter les tarifs que d’exiger une gestion rigoureuse | Le blogue de Joanne Marcotte

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