Rapport du Commissaire à la santé: surréaliste!

Le Commissaire à la santé et au bien-être vient de publier son Rapport d’appréciation de la performance de notre système de santé. Y a-t-il quelque chose de nouveau dans ce rapport ou s’agit-il d’une Xième redite?  Voyons voir.

1. La performance du système de santé québécois est sous la moyenne canadienne: une vieille nouvelle.

2. Système principalement axé sur la réponse aux problèmes aigus (hôpitaux vs. cliniques médicales de 1ère ligne): check.

3. Le Québec en queue de peloton pour ce qui est de la sous-utilisation des infirmières dans la gestion des maladies chroniques: double check

4. Québec bon dernier pour l’accès aux soins en dehors des urgences, le soir, les fins de semaine: triple check.

5. Québec bon dernier pour l’utilisation de dossiers médicaux électroniques: check, check, check.

Ah oui. Il paraît que « notre système présente des retards importants quant aux meilleures façons d’organiser les soins relativement aux autres contextes internationaux. » Non. Pas de farces…

Le Devoir a choisi de mettre en relief le fait que le Commissaire à la santé « pourfend » le projet de franchise (ticket modérateur) du gouvernement. Rien d’étonnant ici. Le bureau du Commissaire est dirigé par des analystes-politiciens de la santé publique. Et tout le monde sait que ça penche sérieusement à gauche dans les GRIS de ce monde et chez les militants de la santé publique…

Que le Commissaire se désole du projet d’une contribution usager est une chose. Qu’il la discrédite totalement alors que tous les autres pays adoptent une telle formule trahit son penchant idéologique. Cela traduit également son insensibilité face aux gens qui attendent DÉJÀ, qui souffrent DÉJÀ. Peut-être bien que pour lui, ce qui compte n’est pas tant l’égalité devant la maladie, mais l’égalité dans l’attente…

Mais la vérité, c’est que le domaine de l’économie de la santé au Québec n’existe à peu près pas. Et oubliez les sondages qui recueillent l’opinion du public. D’une part, quelle personne normale répondrait un « oui » enthousiaste à l’idée d’un nouveau tarif, particulièrement celles qui ne paient pas d’impôt. Et d’autre part, la question ne peut pas être simple, mais doit comporter un choix.

La véritable question serait: « Pour combler l’écart entre la croissance des coûts de la santé et celle des revenus de l’État, quelle solution préférez-vous? 1) Augmenter les impôts; 2) Diminuer le panier de services; 3) Endetter davantage le Québec; 4) Introduire un tarif utilisateur; 5) Introduire des services à coûts partagés, etc.

Mais, pour être honnête, il y a deux choses qui frappent en survolant les rapports du Commissaire et en lisant la couverture médiatique.

1. À la question « Les problèmes proviennent-ils d’un manque d’argent? », le commissaire adjoint, Jean-Frédéric Lévesque répond « Non ».

« Les ennuis du système de santé ne découlent pas tant de pénuries d’infirmières ou de médecins, comme le soutient régulièrement le gouvernement, mais de l’organisation des services. »

Ça, c’est intéressant… Mais il aurait fallu dire « comme le soutiennent les grandes corporations médicales » et les syndicats d’infirmières. Je serais curieuse de savoir ce qu’en pensent les présidents de la FMOQ et de la FMSQ…

2. L’autre chose révèle combien le Commissaire à la santé et les militants de la santé publique sont complètement insouciants et insensibles au problème du financement de la santé. Selon eux, le panier de services couverts doit maintenant aller au-delà de ce qui est « médicalement requis » pour y intégrer le suivi des maladies chroniques. Ils suggèrent:

Que le ministère de la Santé et des Services sociaux crée un groupe de travail, composé de représentants des divers milieux concernés ainsi que de citoyens, ayant pour responsabilité de formuler des avis quant aux meilleures façons d’élargir la couverture publique des services non médicaux liés aux maladies chroniques et de ceux donnés à l’extérieur des établissements, afin de répondre de manière équitable à l’ensemble des besoins des personnes atteintes de maladies chroniques. (p. 116)

Ils sont fous, baptême! Alors qu’on peine à financer les soins « médicalement requis », ces gens-là veulent élargir le panier de services publics.

Complètement surréaliste!

Pour le reste, mon idée est faite. Ce rapport en est un de plus qui s’ajoute aux précédents. Les véritables responsables de notre système de santé sont les médecins. Qu’ils cessent de pleurnicher et qu’ils agissent en professionnels. La balle est dans leur camp.

Autres articles: Mal organisé, Le réseau de la santé mal adapté à la hausse des maladies chroniques, Les ratés du dossier santé, Nous aussi, aurons à payer la carte de crédit,

9 réflexions sur “Rapport du Commissaire à la santé: surréaliste!

  1. Mettons notre fierté et orgueil de cöté et demandons de l’aide ( pour mieux s’organiser) aux hôpitaux qui sont mieux organisés. Par example, j’entend toujours dees bonnes nouvelles du Jewish, mëme Parizeau n’a pas pris de chance et s’est fait hospitalisé a cet hôpital. Hmmm…cela en dit long….n’est ce pas?

    Je parlais aussi, à des jeunes médecins qui avaient fait un stage en Ontario…ils disaient que les procédures étaient plus faciles et que le systeme était beaucoup mieux organisé.

    Il me semble que le côté anglophone du CHUM avance mieux pour leurs plans que du côté francophone…mettons notre orgueil de coté! Cela presse.

    • Le problème, c’est qu’il y a tout plein de monde qui croient avoir la solution pour « faire mieux »… sauf les médecins eux-mêmes.

      À quand une véritable prise en charge de la médecine par les médecins et non pas par les bureaucrates et les politiciens?

  2. Bonjour Joanne,

    quelques observations;

    « Cela traduit également son insensibilité face aux gens qui attendent »
    ceci ressemble a s’y meprendre a une affirmation gratuite du genre sophisme ad hominem

    « La véritable question serait: “Pour combler l’écart entre la croissance des coûts de la santé et celle des revenus de l’État, quelle solution préférez-vous? 1) Augmenter les impôts; 2) Diminuer le panier de services; 3) Endetter davantage le Québec; 4) Introduire un tarif utilisateur; 5) Introduire des services à coûts partagés, »
    Pourquoi ne pas economiser sur le couts des medicaments comme le font la nouvelle zelande et l’Ontario?
    Pourquoi ne pas economiser une fortune en developant l’informatisation de la sante selon le modele Open Source comme le fait le Bresil?
    Et fabriquer certains medicament par une compagnie nationalizee comme le fait le Bresil(je crois)?
    (Les vieux reflexes droite-vs-gauche, couper-services-vs-plus-s’impot, bud-vs-bud-light, ne sont pas tres innovateurs)

    « insouciants et insensibles au problème du financement de la santé. Selon eux, le panier de services couverts doit maintenant aller au-delà de ce qui est “médicalement requis” pour y intégrer le suivi des maladies chroniques. »
    Vous realisez qu’un meilleur suivit des maladies chronique coute MOINS cher. C’est comme vouloir faire des economie de bout de chandelle en evitant de faire le changement d’huile, vous economisez 40$ pour ensuite faire face a un bris de moteur qui coutera 4000$.

    Je crois que l’on peut offirir un meilleur service a meilleur cout en reduisant le nombre de fonctionnaires et en augmentant plutot le personnel qui offrent les services (infirmieres, medecins, enseignants). Et voir la sante en sillot isole est pas optimal, on peut reduire les cout de sante en n’en tenant compte dans d’autres domaines, des milliers de personnes developpe des probleme respiratoires a cause de la pollution, l’education physique c’est du domaine de l’education mais ca peut etre un petit element qui peut favoriser la sante, on est tous des cobayes avec les ogm un etiquetage pourrait peut-etre aider, les etudiants en informatique et technologie pourrait faire plus de projets relies a la sante, etc

  3. Selon, moi, les soins de santé sera à la dérive… tant que nous allons analyser tout ça en fonction de ‘systèmes’, d’ensembles, de corporatismes (des professionnels, des syndicats), etc.

    Notre alimentation NEST PAS entre les mains de l’état ou de corporatismes de syndicats ou de professionnels…

    Merci mon Dieu !

    Pourquoi la santé devrait être entre les mains de l’état ?

    Pourquoi?

    D’où vient ce dogme?

    Quelqu’un le sait?

    Est-ce qu’une alimentation ‘onuverselle’ est moins importante que les soins de santé?

    Pourquoi ni la droite ‘lucide’ ni la gauche solidaire analyse les impacts nocifs de l’état dans le systême amércian… qui est loin d’être 100% privé?

    Pourquoi presque personne parle de coop de santé?

    Pourquoi toutes ces questions ne sont presque jamais débattues?

    Ah que je suis tanné de notre monde si binaire et dogmatique.

  4. Autre solution potentielle: introduire le privé (pas le PPP mais le PRIVÉ au sens pur et cru du terme!!!) à plusieurs niveaux dans le système actuel et le mettre en compétition directe avec le système public et que si dans un tel système, le public n’était pas compétitif, les emplois des fonctionnaires impliqués disparaîtraient sans compensation; comme dans la vraie vie. Fini les « acquis »!!!

    Je suis assuré que notre troupeau de ronds-de-cuir s’animerait un tantinet et que les « clubs Meds » disparaîtraient…

    http://lejournaldemontreal.canoe.ca/journaldemontreal/actualites/national/politiqueprovinciale/archives/2010/05/20100517-203050.html

  5. Je suis l’amie de Monsieur Jean Paquette dont l’histoire a été divulgée à TVA aujourd’hui et pour laquellle vous avez donnée une excellente entrevue avec monsieur Martineau concernant notre système de santé public versus le système privée ‘caché’ Si vous connaissiez toute l’histoire de ce Monsieur à partir de son accident de travail pour un employeur ‘désafillié’??? de la Csst. Le Monsieur a été traité pendant un an et demie pour une Tandinite alors qu’une résonnance magnétique (trop cher) dès le début aurait peut-être permis d’établir le bon diagnostique. La Csst et l’ex-employeur conteste le fait que la bursite est du à l’accident de travail. Pendant tout ce temps Monsieur n’a aucun revenu pour se défendre contre la Csst et son ex-employeur. En plus il doit attendre (pas de sous pour passer au privé) des delais interminables pour consulter, être opéré et pouvoir espérer un jour retourner gagner honorablement sa vie.
    J’ai aimé votre entrevue. Là où je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous, c’est qu’avant de réduire nos attentes face aux ‘systèmes’ il faudrait peut-être 1-réduire les salaires exorbitants des dirigeants des sociétés d’états et 2-réduire la coûteuse machine administrative derrière le système de santé. Les médecins ne vont pas sur la place publique pour se plaindre; ça ne se fait pas. Mais tous se plaignent en privée du temps énorme qu’ils doivent consacrer à remplir la ‘paperasse’ pour alimenter un système administratif disfonctionnel et inneficace au lieu de consacrer leur temps aux patients et à la médecine. Pas surprenant qu’ils aiment mieux travailler au privée!

    • Madame Derome: Vous avez tout à fait raison. Il faudrait commencer par faire un gros ménage dans la bureaucratie du ministère de la Santé. Toutefois, ce ne sera pas possible si nous n’introduisons pas officiellement et ouvertement une certaine concurrence dans le système. Un monopole, comme on dit, ne vise pas l’efficience et l’efficacité.

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