Pierre-Hugues Boisvenu : Coupable par association!

Soyons clairs. Si Pierre-Hugues Boisvenu n’était pas tant associé au gouvernement Harper, on n’aurait pas fait tant de cas de sa déclaration malencontreuse.

Il fallait voir hier nos élites médiatiques sur Twitter, sur les ondes et dans leurs écrits, saisir l’occasion pour y voir l’expression d’une intention des Conservateurs de Harper, de réouvrir le débat sur la peine de mort. Quel bonbon! Elles n’allaient certainement pas laisser passer pareille opportunité!

Boisvenu agace. Le chroniqueur Gilbert Lavoie du Soleil lui reprochait il y a quelques semaines de se « mêler du débat opposant le Québec à Ottawa sur le projet de loi du gouvernement Harper en matière de justice criminelle. » Quand les sénateurs dorment au gaz, on se plaint qu’ils ne font rien; quand ils ont une cause à coeur, ils devraient se taire… Allez comprendre.

Le blogueur Jean-François Lisée disait en entrevue hier au 93,3 que nous allions voir des sondages prochainement qui illustreraient la ferveur « conservatrice » pour la peine de mort. Je le réfèrerais à cet article. Il sera peut-être surpris du résultat. « 62% des gens – et 69% des Québécois – voudraient rétablir la peine de mort pour punir les meurtriers. »

Coudonc viande! Ces élites réalisent-elles à quel point elles sont déconnectées de la population? Celle qui a à coeur que justice soit rendue? Celle qui doute de plus en plus du système de justice?

Comprenez-moi bien. Je suis personnellement contre la peine de mort. Contre l’imposition par l’État de la peine de mort. Parce que être pour la peine de mort signifie non seulement que l’on autorise l’État à mettre fin à une vie, mais cela signifie que nous acceptons nous-mêmes, individuellement, de peser sur le bouton. À regarder dans les yeux un criminel et à être LA personne qui tue. Quant à moi, je sais bien que je ne m’y résoudrais pas et je n’accepte pas non plus de déléguer ce pouvoir à un État en qui je n’ai déjà pas beaucoup confiance.

Mais mieux encore, c’est un non-sujet puisque cette question a été jugée comme non constitutionnelle.

Pourquoi donc s’acharner alors à vouloir interpréter quasi-hystériquement les propos d’un homme qui par ailleurs a fait de sa vie une lutte pour la défense des victimes d’actes criminels.

Tout simplement parce qu’il y a là une opportunité d’en faire un débat partisan. Parce qu’il y a là une opportunité d’insinuer que les « Conservateurs » veulent bel et bien réouvrir ce débat. Qu’importe si Harper ait précisément dit qu’il n’en serait pas question. Maudite politique! On repassera pour la « politique autrement », oui…

On raconte souvent que la population est « émotive », que la dictature de la majorité peut être dangereuse. À voir aller la couverture médiatique de l’événement, les émotifs ne sont pas ceux que l’on croit.

On se plaint qu’on ne peut débattre de façon rationnelle au Québec. Mais vous voyez-vous aller, Messieurs et Mesdames les reporters et chroniqueurs?

Alors désolée, moi, je n’embarque pas. Boisvenu a parlé avec son coeur, oui. Il dit avoir été habité par les propos d’une personne victime d’acte criminel. Il s’excuse pour avoir prononcé des paroles qui n’étaient pas à la hauteur de ses fonctions.

Bien. Cela me suffit.

P.S. Si vous voulez voir comment on peut traiter de ce sujet avec grande classe et hauteur, je vous suggère de regarder l’émission de Franchement Martineau d’aujourd’hui.

18 réflexions sur “Pierre-Hugues Boisvenu : Coupable par association!

  1. J’ai cherché à vérifier si la peine de mort était non constitutionnelle. Je n’ai rien trouvé. Elle fut supprimée du code criminel en 1976 suite à un vote libre en chambre. Il y eu un autre vote libre en 1987 pour son rétablissement, le non a gagné de façon serrée. Je suis tout-à-fait d’accord avec votre position. Par contre, jusqu’à preuve du contraire, je ne peux affirmer que c’est un non-débat en raison d’un statut anticonstitutionnel. Quant aux attaques envers M. Boisvenu, on voit bien que les médias sont assoiffés de phrase à sensation. Je crois qu’il y a place pour un débat éthique, moral et juste sur le sujet, sans qu’il en devienne le bouc émissaire.

  2. Vous avez parfaitement raison Madame Marcotte. Il me répugne beaucoup plus de constater les fausses pudeurs exprimée par ces journalistes partisans que par les paroles malencontreuses du Sénateur Boisvenu , lesquelles paroles ne sont que le reflet des paroles qui circulent librement entre les parents des victimes de meurtres crapuleux de la part de criminels qui sont condamnés à de longues périodes de détention et doivent les vivre ces périodes sur le bras de la population bien pensente. JRB

  3. J’aime bien la réaction de M. Boisvenu qui ne se cache pas, et va partout dans les médias pour parler de ses propos, et il a certainement l’appui de M. Harper. Sa réaction et ses propos agacent de plus en plus la gauche anti-Harper du Québec. La monté des conservateurs au Québec mois après mois ne fait pas leur affaire.
    La population qui l’appuie dans les sondages, énerve notre gogauche national. Je pense que l’on voit en ce monsieur un être humain semblable à monsieur et madame tout le monde, et non pas une machine opportuniste à la Denis Coderre, ou autre personnage du même acabit qui ne pense qu’à se faire du capital politique.

  4. « On se plaint qu’on ne peut débattre de façon rationnelle au Québec.  »

    D’ou l’importance de blogues comme le vôtre. Combien de médias oseront affirmer qu’une personne a droit d’affirmer de telles choses, si… discutables soient-elles?

  5. Malgré que je suis en accord avec la majorité de votre texte, toutefois je dois dire que : « si Pierre-Hugues Boisvenu n’était pas tant associé au gouvernement Harper », vous n’auriez pas écrit ce billet…

    • Pas fou. Mais la raison pour laquelle je le défends est plutôt pour sa contribution à la défense des droits des victimes. Ce gars-là donne sa paie complète à sa Fondation pour faire avancer sa cause. C’est tout à fait admirable.

  6. La Charte canadienne des droits et libertés donne certaines garanties juridiques, dont son article 7 (droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne auxquels on ne peut porter atteinte qu’en conformité aux principes de justice fondamentaux). La Charte fait partie intégrante de la constitution. Les décisions de la Cour Suprême qui ont interprétés les dispositions de la Charte mènent clairement à conclure que la peine de mort, si elle était soumise aux tribunaux, serait déclarée inconstitutionnelle. Au Canada, il y a séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Alors, même si le Parlement (législatif) votait, adoptait et mettait en vigueur une loi à cet effet, celle-ci serait assurément soumise aux tests de la Charte et c’est alors, fort probablement, le pouvoir judiciaire qui y mettrait fin en la déclarant inconstitutionelle. Ce qui est « inconstitutionnel » l’est parce qu’un tribunal l’a déclaré ainsi. Comme la peine de mort a été abolie avant l’intégration de la Charte dans la constitution, elle n’a pas été soumise aux tests. http://www.canlii.org/fr/ca/commentaires_charte/s-7.html

  7. Je suis d’accord avec vous. Les média et les politiciens se sont acharnés sur lui comme des chiens sur un os. Pour une fois que quelqu’un ose dire ce qu’il pense,on devrait le féliciter. Après cela,on se demande pourquoi les politiciens ont la langue de bois et remette toujours la même cassette devant les journalistes. Après cet exemple,les politiciens continueront de patiner au lieu de répondre franchement aux questions. On ne pouvait trouver mieux pour augmenter le cynisme de la population au sujet de la politique et des médias.Le message est de ne jamais dire ce que vous penser devant des journalistes qui se voient comme des vierges offensées.Que c’est triste à voir. C’est de ce Québec là que j’ai honte.

  8. M. Boisvenu a juste oublié de répondre à la question en disant que selon l’idée d’un proche d’une victime, ceci et cela; mais en tant que sénateur voici ma réponse :  » … »

    J’aime bien ta suggestion Joanne; que celui qui est digne de la peine de mort, soit mis à mort par un proche de sa victime. Ce serait assez comique de voir qui pèserait sur le bouton ou pas; le sentencé sur la chaise attendant de connaitre le verdique. La prison ou la tombe, la tombe ou la prison, la fausse commune ou la prison socialiste des TDC qui font payer les proches des victimes pour l’entretient de ces pourritures sociales.
    En fin de compte, ceux qui sont méprisé dans notre Québec socialiste, ce sont les victimes et leurs proches, on les fait payer pour entretenir les pourris qui n’ont, eux, aucun respect pour ceux qu’ils ont maltraités. Ils appellent ça de la justice sociale (sick) (resick) (reresickkkkk)

    • Juste une précision. Je n’ai pas suggéré une telle chose. Ce que je dis, c’est que les gens qui se prononcent pour la peine de mort ne devraient pas se cacher derrière un système ou derrière l’État. S’ils ne sont pas prêts eux-mêmes à peser sur le bouton, alors ils devraient resonger à leur opinion.

  9. Les idiots de la CAQ ont aussi condamné le sénateur. Je songe de plus en plus à jeter ma carte de la CAQ dans les chiottes. La CAQ devient de plus en plus un parti de d’insignifiants regroupant péquistes et libéraux de gauche.La CAQ prouve qu’elle fait dans ses culottes face aux faiseux d’opinions de notre presse gauchiste.

  10. On demande la tête de Boisvenu pour ses propos et on intente même une action au criminel pour ce qu’il a dit.
    Mais que dit-on de l’incompétence de la DPJ dans le cas des Shafia? On a qu’à regarder tous les incompétants qui nous entourent, ceux qui sont au pouvoir et qui sont là pour en principe améliorer notre condition de vie. Je pense souvent qu’on serait meilleurs et plus efficaces qu’eux si on était à leur place. Je n’arrive pas à comprendre que tout le monde ou presque s’en prenne à monsieur Boisvenu alors qu’à la DPJ, un organisme qui se doit d’avoir des radars à la place des yeux, on ait pas pris la peine ni le temps de se rendre compte que la famille et les enfants Shafia étaient terrorisés et en grand danger. À dénoncer la situation dans laquelle ils vivaient, les faisait minimiser l’ampleur de leur détresse et du danger qui les menaçait. N’importe qui sait que c’est ce qu’il arrive dans la majorité des cas de dénonciation. Les gens dénoncent, et après, voyant que la menace et les représailles peuvent s’abattre sur eux, ils se rétractent et agissent de sorte à ce que la situation paraisse moins pire. Il me semble que n’importe qui à la DPJ aurait dû savoir ça et tenter plutôt d’aller au fond des choses. D’autant plus que dans cette situation il s’agissait de gens qui avaient une certaine difficulté à s’exprimer en anglais mais aussi en français et qu’il s’agissait d’une culture qui est connue du fait que la femme n’est pas du tout respectée et souvent même maltraitée. Tous les éléments étaient regroupés et personne n’a allumé dans cette histoire qui se devait d’être traitée différemment et avec une plus grande attention. On demande la tête de Boisvenu pour ses propos et on intente même une action au criminel pour ce qu’il a dit. Dans le cas de la DPJ qui n’a pas su protéger et épargner ces femmes d’une mort certaine, personne ne s’indigne ni ne monte aux barricades. On ne demande la tête de personne et pourtant, 4 femmes sont mortes à cause de gens qui n’ont pas fait leur job comme du monde. C’est un véritable cas de négligence criminelle ayant conduit 4 femmes victimes de violence directement à la mort et personne ne s’en offusque ni ne s’en prend à la DPJ. Dans quel monde vivons-nous?

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