Avantage Legault: Un 3e deuil pour les épris de liberté?

J’ai jonglé avec un second titre pour cette chronique. Elle aurait très bien pu s’intituler « Legault: la saison des opportunistes ou la saison des idées? » Car les temps sont durs pour ceux d’entre nous qui croyons qu’un changement important s’impose au Québec. Non, non. On ne parle pas ici de changements esthétiques mineurs, on ne parle pas de « tweaker » ou de « fine-tuner » l’État québécois et tous ces systèmes que l’on ne vient pas à bout de rendre efficaces et productifs.

Je parle des gens qui ont compris que des changements structurels s’imposent et que les fondations mêmes du modèle québécois doivent être ciblées. Que l’on pense par exemple à la culture de la gratuité, de la dépense et de la dépendance qui font que nous vivons, comme bien d’autres nations d’ailleurs, bien au-dessus de nos moyens et sur le dos des générations futures.

Que l’on pense aussi aux freins qui nous interdisent de passer de l’étape du diagnostic à l’action: l’éternel débat souverainiste-fédéraliste qui accapare encore trop nos médias, la co-gouvernance des syndicats et des groupes d’intérêts, le dogme de l’universalité des programmes sociaux, les monopoles d’État, l’électoralisme primaire des politiciens, etc. Mentionnons aussi l’obsession du ‘consensus’ et peut-être surtout l’exigence du politiquement correct qui impose de ne pas brusquer et qui fait croire qu’un véritable changement peut se faire sans efforts, sans douleurs et sans coûts.

Bref, cette saison politique se termine avec une certitude: les Québécois veulent « flusher » leurs politiciens. Ils l’ont fait le 2 mai dernier lorsqu’ils ont « flushé » le Bloc québécois. Si l’on en croit les sondages, ils s’apprêtent à le faire aux prochaines élections provinciales et aucun parti ne sera épargné.

Nous l’avions bien prévu. Souvenez-vous des interventions de l’étudiant Vincent Geloso ou du philosophe Frédérick Têtu dans l’Illusion tranquille. Tous deux reconnaissaient la capacité des Québécois d’effectuer des virages dramatiques. Eh bien nous y sommes. À savoir vers quoi l’on se dirige, ça, c’est une autre chose.

Parce qu’à ce moment-ci, ce qui compte n’a rien à voir avec les idées. À preuve, toujours selon les sondages de ce matin, François Legault attire 37% du vote péquiste, 17% du vote libéral, 52% du vote adéquiste et 50% des électeurs de Québec solidaire!!! D’ailleurs, il est navrant de constater que les médias se limitent encore une fois à ne rapporter que le soap quotidien.

Ils avaient fait de même lors de l’élection fédérale où très peu d’entre eux s’étaient donné la peine de regarder et d’informer le public du programme du NPD. Ils le font aujourd’hui en refusant de rapporter les incohérences flagrantes du discours de Legault. (Une chance qu’on a Michel Hébert! – Lire ici et ici)

On se consolera toutefois cette fois-ci – et rassurez-vous, on n’en fera pas une habitude – d’avoir un Jean-François Lisée qui démontre l’impressionnant rapprochement des propositions de Legault avec … celles du Parti québécois! Merci aussi à Maurais Live où Ian Sénéchal démontre clairement le positionnement étatiste de Legault. D’ailleurs, il faudrait peut-être avertir certains députés adéquistes sympathiques au rapprochement avec Legault qu’il leur faudrait renier vision et principes pour célébrer le mariage forcé. Désormais, on dira d’eux qu’ils n’y étaient que par pur opportunisme et qu’ils seront désormais de « gauche efficace ». Bravo!

Mais tout ça ne compte pas pour l’instant. L’électorat n’a rien à foutre des idéologies des uns et des autres. Tout ce qu’il semble vouloir, c’est renouveler les visages et en finir avec une classe politique qui le méprise, lui ment, le vole et qui radotte sur des sujets dont il est franchement écoeuré d’entendre parler (Lire ceci) Et tout ce que la meute politique, tous ces gens qui s’agglutinent autour d’un chef au sommet des sondages semblent vouloir, c’est de sauvegarder leur précieux « behind ».

Les gens épris de liberté et qui ont compris que les véritables changements reposent sur la réappropriation de nos responsabilités individuelles vivront peut-être un 3e deuil bientôt. Ils avaient été trompés une première fois par Jean Charest en 2003 lorsqu’il s’était engagé à une réingénierie de l’État et une seconde fois lorsque l’Opposition officielle de l’ADQ avait perdu sa boussole.

Si le scénario du 2 mai se reproduisait au Québec et qu’une Coalition d’opportunistes sans boussole prenait le pouvoir, on comprendra qu’on aura encore retardé l’inévitable. Il nous restera à souhaiter qu’il ne s’agira qu’une étape de plus avant l’avènement d’un véritable leadership de principes, honnêtement et authentiquement dévoué au redressement du Québec.

21 réflexions sur “Avantage Legault: Un 3e deuil pour les épris de liberté?

  1. Les médias québécois montrent, jour après jour, leur incapacité d’analyse en profondeur. Que ce soit pour Climategate, pour la politique ou l’Économie, le but est d’étouffer le débat et de ne pas aller au fond des choses.

    J’ai regardé l’élection sur Sun News, il y avait un panel avec un partisan de chaque parti majeur. Si j’en juge par les rapports sur RC, tous penchaient apparemment à gacuhe.

    Ce n’est donc pas demain que l’on verra un média qui rayonne partout en province qui aura ne serait-ce q’une ouverture à droite

  2. Je suis d’accord que Legault est étatiste, et il semble faire les mêmes promesses que Charest a fait en 2003, et rien n’indique qui lui il le fera.

    Reste que le PLQ est trop corrompu et arrogant au pouvoir, le PQ a une seule proposition qui nous amène nulle part, et l’ADQ est à 15%, donc pas trop de change à gagner une majorité, sauf si on réussi à faire boiter Deltell.

    Alors, il reste le moins pire des options, non? C’est mieux de ce qu’on a maintenant.

  3. Cet article est une très bonne description de la réalité qui met fin aux espoirs que nous fait miroiter le CAQ. Le naturel de Monsieur « Legault revient au galault ».

    J’ai bien écouté la position de Ian à Radio EGO. J’endosse au sujet des commissions scolaires, du privé en santé, des écoles privées, de la Caisse de dépôt et des ressources naturelles. Mais je suis plus radical à savoir si Monsieur Legault est encore indépendantiste.

    Je n’ai jamais entendu dire qu’il ne l’est plus; mais qu’il ne vois pas la réalisation du projet dans les 10 prochaines années. Je crois qu’il l’est tout autant. Sa démarche consiste à faire de la récupération durant les 10 ans qui lui reste de vie active en politique. Devant la perte de vitesse du PQ, le dégoût envers le PLQ, il arrive avec un projet pour récupérer tous ceux qui voudrait que rien ne change vraiment.

    Maintenant le masque tombe. Il garde une approche de gauche. Il est un entrepreneur étatiste. C’est clair toujours plus d’État. Si en plus, il réussissait à s’emparer de l’ADQ, le seul véhicule de droite serait neutralité.

    Au début, je n’avais pas d’objection à ce qu’il vienne dans mon parti. Je me disais qu’entre lui et Monsieur Deltell que le meilleur gagne. Maintenant, je n’en vois plus d’avantage, si nous voulons vraiment redresser le Québec. Je crois aussi que les prochaines élections générales ne seront pas faciles pour ceux qui croient qu’un véritable changement est nécessaire.

    • Mais vous avez raison. Legault est toujours un souverainiste et il le dit. Seulement, il s’engage à ne pas militer pour la souveraineté au cours de ce qui reste de sa vie active en politique. On peut le croire ou pas. Je retiens le terme « entrepreneur étatiste ». Je pense que cela le qualifie bien. Merci.

  4. J’aimerais que l’on change de gouvernement, mais pas au prix d’élire un péquiste (un peu plus timide sur la question référendaire) qui veut dépenser et intervenir encore plus que le gouvernement actuel. Si l’ADQ fusionne avec la CAQ, et les droitistes du parti ne se mettent pas ensemble avec le RLQ pour fonder une nouvelle formation politique, je vais devoir voter Libéral pour la première fois dans ma vie.

  5. J’aurais été tenté par le parti de M. Legault parce que j’estimais qu’au moins, il faisait un pas (bien qu’un peu trop timide) dans la bonne direction.

    Mais en lisant vos arguments et en écoutant la très bonne chronique de Ian à CHOI, je me ravise. D’autant plus que si le grand balayage se réalise, le parti n’aura pas besoin de mon vote pour élire un député dans ma circonscription. Étant de Montréal, je suis toujours tentée d’être un peu sur la défensive. Après tout, Québec solidaire avait remporté 12% des suffrages chez moi! Dans cette optique, je me contenterais du parti de M. Legault…Mais qu’à cela ne tienne, l’ADQ est plus proche de mes valeurs et de mes idées et je ne gaspillerai pas mon vote.

    J’ai hâte de voir comment la région métropolitaine va réagir aux prochaines élections. J’estime que le mur tant attendu pour donner un électrochoc à la population vient d’arriver pour le grand Montréal. En fait, ce n’est pas un mur qu’on vient de frapper mais plutôt un pont…Nous sommes littéralement coupé de la Rive-Sud et je pense qu’on ne prend pas encore la pleine mesure de cette catastrophe. Car le pire c’est que rien n’est envisagé ni à court, moyen ou long terme pour rétablir la situation. Alors dans 2 ans, après 2 années à ne pouvoir aller et venir entre les 2 rives sans attendre pendant des heures (et ce, à toute heure du jour ou de la nuit), quelle sera l’humeur de la population?

    Elle se sera converti au transport en commun? au Kayak? Je ne penserais pas…Alors va-t-elle ENFIN comprendre qu’il faut créer de la richesse, voter pour un parti qui pourra prendre un sérieux virage? J’espère juste qu’il y en ait qui se mordent un peu les doigts depuis les dernières élections fédérales pour n’avoir pas voté pour le parti au pouvoir qui aurait été un peu plus à l’écoute pour changer les choses….

    Et, à propos, qu’a fait pendant tout ce temps à la chambre des communes, notre Gilles Duceppe, le « Grand Défenseur » des intérêts du Québec, pour la cause des nos infrastructures vieillissantes de la région de Montréal??? Cette région dont on disait pourtant qu’elle était la sienne…

    • Tellement vrai. Montréal paie très cher pour ses utopies. En passant, Isabelle, j’ai commencé à lire le livre sur la Caisse de dépôt. Superbement bien écrit et très très instructif. Un gros merci!!!

  6. Contente que le livre vous plaise! Je l’ai trouvé un peu aride par bouts (les actions B votantes et non votantes me perdaient un peu…). Tout de même, quel constat! Rien pour nous faire tomber en amour avec le PQ en tout cas.

    Ça me fait drôle de penser que j’ai vu à quelques reprises cet auteur au moment où il écrivait ce livre. J’avais 28-30 ans et la Caisse de dépôt était quelque chose de très abstrait (et inintéressant) pour moi à l’époque. J’aimerais tellement lui dire maintenant à quel point j’ai apprécié son livre, 10 ans après sa sortie! Mais voilà, ça doit faire 14 ans que je ne l’ai pas revu. Et puis, quel souvenir garde-t-il de toute cette aventure?

    J’avais tenté au mois de mai de commander ce livre en version française et on m’a dit qu’il y avait un arrêt de publication. Ce n’est peut-être pas le terme exact que la libraire a employé, mais en demandant quelques précisions, celle-ci m’a répondu que ce livre n’etait pas simplement épuisé ou discontinué. Il semblerait qu’on ait voulu arrêter sa publication. Était-ce à la demande de l’auteur? Ou de quelqu’un d’autre?

    Je ne veux pas sombrer dans la théorie du complot mais, tout de même, ça m’a laissé perplexe.

  7. La majorité des journalistes du Québec font une job de propagande lors des campagnes électorales, aucune présentation des divers programmes ni aucune analyse de ceux-ci que de la désinformation crasse.C’est pour cela que Jack et le NPD a passer la gratte.Au Québec il faut non seulement se méfier des politiciens mais aussi des journalistes.

  8. Comme d’habitude, nos médias de masse continuent à merveille leur propagande, sachant très bien que les Québécois sont d’une paresse intellectuelle chronique sur la politique et l’économie. Lorsqu’ils s’y intéressent, c’est pour vérifier le pouls des médias et répéter leurs âneries, comme des automates.

    Lors de l’élection générale de 2003, l’ADQ montait dans les sondages grâce à une critique médiatique positive, pour ensuite chuter devant la critique tant répétée: Le parti d’un seul homme. Ensuite, en 2007, rien de négatif et on connaît la suite: 41 députés élus. Et en 2008, que du négatif, même de la part des petits médias qui avaient un faible pour le parti et peu de critiques contre le PLQ au pouvoir…

    Cette année au fédéral, négatif sur toute la ligne contre le PC, indifférence à l’égard du BQ et que du positif pour le NPD. Encore une fois, la population a voter selon l’opinion médiatique, malgré ses analyses douteuses.

    Et là, on nous refait le coup avec Legault, qui n’a jamais été capable d’être le chef du PQ, et les sondages le placent bon premier!

    Les sondages du jour dans les journaux servent justement à vérifier si les personnes ont lu l’article portant sur le sujet; et la personne coche la même conclusion ou titre du « journaliste ».

    Si les médias nous achalent durant l’été avec les accidents dans les piscines, vous pouvez être sûr que les fanas des sondages vont voter pour une « meilleure » réglementation pour les piscines. Même chose avec les accidents sur les routes concernant les jeunes…

    • Je pensais comme vous autrefois à propos des Québécois. Ce n’est pas le Québécois qui est paresseux, c’est l’être humain. Pourquoi changer quand la quasi totalité des grands partis disaient que tout allait bien. Les Québécois ont perdu confiance en leurs politiciens, avec raison le plus souvent. Il est plus facile de se faire réélire en disant que tout va bien qu’en avouant avoir pris de très mauvaises décisions. Les Québécois se sont surendettés pcq ils ont fait confiance en leurs leaders politiques et économiques. Comment faire mieux qu’eux? La Grêce n’est pas le Québec; où est-elle rendue? On pourrait aussi regarder la France, l’Espagne, les USA et l’Irlande.

  9. Je suis pour un virement au Québec mais je crois qu’il y a du travail à faire. Il n’y a pas de parti politique qui relève ce défi. Une chose est évidente les québécois sont à gauche et s’attendent beaucoup de l’état sans que ça leur coûte un sou. Les médias, les politiciens, les penseurs alimentent cet état de chose. Seuls quels que penseurs de droite tentent de d’influencer le virage. En ce temps de crise économique où nous avons des exemples de mauvaise administration publique en Europe, au Québec, aux USA, nous voyons le même phénomène les gens ne veulent pas faire de sacrifices pour assainir leurs finances publiques. Alors les politiciens peltent en avant espérant un miracle, une pensée magique, un stratagème nouveau espérant une croissance économique. La solution à mon avis est de prêcher pour avertir la population, pour l’informer, la faire réfléchir afin qu’elle change de direction. Il faut un parti politique qui relève ce défi.

    Salutation

    • Come vous dites: « Il faut un parti politique qui relève ce défi. » Ce parti devra être de droite. Il me semble qu’il y en a un qui fait mieux que les autres au Québec; mais il manque de moyens. Il existe; il n’est pas virtuel. Sa mission n’est pas de jouer au Rambo; seulement d’être le véhicule de ceux qui veulent s’impliquer pour ce que vous appeler « prêcher, informer, faire réfléchir ». Le seul qui peut sauver la situation, ce n’est pas un Rambo; mais une minorité de citoyens et de citoyennes déterminés et organisés à qui le peuple québécois pourra faire confiance.

  10. Au prochaine élection je vais voter pour l’ADQ, parce que ce parti propose de changer notre façon de nous gouverner.
    J’aime bien leur proposition de tenir des élections à date fixe à tout les quatre ans le premier dimanche d’octobre, et aussi celle de permettre la tenu de vote libre à l’Assemblée Nationale, ce qui éviterait bien des psychodrames.

    J’aime énormément la réforme de l’administration publique proposé,: La volonté d’appliquer des standards de performance et de transparence dans nos sociétés d’état à vocation commerciale, de plus pour chacune des sociétés d’État, un gouvernement de l’Action démocratique du Québec exigera, lorsqu’applicable, que le ministre responsable dépose à l’Assemblée nationale du Québec ses recommandations concernant l’actualisation de leur mission, et ce, dans un délai de douze mois après une élection générale et sans ingérence dans la gestion quotidienne de ses activités financières et commerciales.

    Un gouvernement de l’Action démocratique du Québec adoptera une loi qui modifiera toutes les lois pertinentes exigeant la transparence de la part des organismes financés par le public de façon à renforcer la responsabilité en rendant obligatoire la publication des rapports de gestion, des états financiers et de certains rapports de dépenses, notamment sur leur site Internet.

    Par contre j’aimerais aussi que l’ADQ propose que les employés de l’état soient imputable de leurs décisions et de leurs actions, les centaines de millier de dollars gaspillés inutilement sans que personne ne soit tenu responsable est une vrai honte.

    Instaurer une méthode de scrutin proportionnel, plutôt que d’augmenter le nombre de comté et mettre en place une procédure de destitution des députés (re-call) voilà encore deux bonnes propositions.

    Évidemment, voter pour l’ADQ et ces propositions, et croyez moi ils y en a beaucoup d’autre, cela veut dire, qu’il faut cesser d’espérer un Sauveur, se relever les manches et s’occuper de nos affaires, et ça ce n’est pas évident, j’en sais quelque chose.

    Si vous demeurez dans le comté de Saint-Maurice et que vous avez le goût de vous impliquer, contacté moi à cette adresse : pierrebrunet3@gmail.com

    • Je me demande sur qui, ils veulent mettrent de la pression en publiant cette article?

      Si ça aurait été à titre informatif, il aurait publier des noms. Cette article n’est d’aucun intérêt pour les électeurs.

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